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Critique : Jupiter, le destin de l’univers – Battlefield Earth

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Jupiter_Ascending

Film de science-fiction pétaradant rabaissé au rang de blockbuster périmé, Jupiter Ascending est pourtant l’un des grands spectacles les plus riches de ce début d’année. Les Wachowski ont créé un univers aux influences extrêmement larges, qui navigue entre tragédie shakespearienne, conte de fées et œuvre baroque rappelant Terry Gilliam.

Si cette histoire de femme de ménage qui découvre qu’elle est reine d’une lointaine planète a de quoi faire rire, il faut immédiatement prendre en compte que le cinéma des Wachowski possède une multiplicité de niveaux de lecture. L’aspect risible de leur œuvre, les cinéastes en ont toujours été conscients et il est appréciable de voir qu’ils n’hésitent jamais à utiliser un ton ironique pour contrer cette faiblesse. Cela peut passer par une réplique à l’image du fabuleux « J’aime les chiens » ou par le fait de voir un Channing Tatum débraillé pendant de dangereuses séquences d’action.

Cependant, l’humour n’est pas un frein pour les Wachowski, qui assument tout autant l’aspect lyrique de leur œuvre. Jupiter Ascending est une tragédie familiale évoquant Le Roi Lear, Œdipe Roi et d’autres mythes antiques. Si l’héroïne est une modeste servante, elle est également une souveraine intergalactique qui voit son pouvoir menacé par une fratrie vénale. Encore une fois, cet aspect du film peut être sujet à de nombreuses railleries. On préfère se laisser convaincre par la sincérité des réalisateurs, qui ont su allier ces influences à leur amour pour la science-fiction japonaise et la culture punk dont ils été de véritables étendards avec la trilogie Matrix. Globalement, Andy et Lana Wachowski réussissent là où Kenneth Branagh avait échoué avec Thor.

JUPITER ASCENDING

L’aspect le plus impressionnant de Jupiter Ascending reste la fluidité avec laquelle les Wachowki déroulent leur récit initiatique. La mise en place est rapide et, à l’instar du récent Pacific Rim, nous sommes immergés dans un contexte imaginaire sans avoir le temps de remettre en question l’univers. Les scènes d’action s’enchaînent et l’on avait peur que les cinéastes délaissent le développement des personnages, aspect qui faisait la réussite du flop Cloud Atlas. Puis, dans la deuxième partie, le spectateur souffle et découvre tous les enjeux dramatiques. Les Wachowski savent provoquer le questionnement du spectateur avant de lui donner les clés, de recadrer leur propos et de démontrer au fur et à mesure la cohérence de leur histoire jusqu’au final qui retourne parfaitement aux origines.

Jupiter Ascending se suffit à lui-même, dans le sens où il n’ouvre pas la porte à une suite. Le film ne laisse pas le public sur sa faim et n’est donc pas conçu comme un produit marketing dont le leitmotiv n’est que le teasing du prochain épisode. Pour un long métrage de la sorte, cela devient très rare et les cinéastes prouvent qu’il est tout à fait capable de signer une œuvre respectant les codes d’une industrie tout en lui insufflant une dose de lyrisme et d’excentricité. Les Wachowski continuent de contourner le système hollywoodien et de s’en moquer habilement. Cela se ressent lors d’une malicieuse séquence où Mila Kunis doit obtenir un tampon de la part de l’administration spatiale.

Si l’on regrette quelques interprétations faiblardes (Douglas Booth), on se réjouit de voir que Channing Tatum (Foxcatcher) continue sa collaboration avec des cinéastes à l’identité propre. La partition de Michael Giacchino donne de l’ampleur aux magnifiques images, dont la précision ne constitue finalement que l’un des aspects de la réussite de Jupiter Ascending. Il faut donc saluer ce travail d’orfèvres, parfois naïf, parfois déséquilibré, mais toujours dans la volonté de proposer un space opera complet qui ne se limite pas à son côté fun.


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